La Journée du commerce et des marchés de l’OIBT tenue à San José (Costa Rica) a suscité des discussions fructueuses. Photo: Didier Fernandez
Le 4 avril dernier, des leaders régionaux du secteur forestier, du commerce et de la durabilité se sont réunis dans le cadre luxuriant tropical du Costa Rica, à l’occasion de la Journée du commerce et des marchés de l’Organisation internationale des bois tropicaux (OIBT), qui était coorganisée par la Chambre forestière du bois et de l’industrie (CFMI). Elle a offert une plateforme vitale pour parler des tendances transformatrices du commerce des bois tropicaux, qui vont de la réorientation des réglementations aux innovations technologiques, en passant par la gestion durable des forêts, le commerce légal et les solutions forestières ingénieuses adaptées au changement climatique.
Cette Journée a rassemblé tout un éventail d’acteurs: agences forestières publiques, représentants du secteur privé, organes de certification, organisations internationales et société civile. Y a été mis en lumière le double rôle du bois, à savoir une solution au changement climatique fondée sur la nature et un moteur économique alimentant les moyens d’existence en milieu rural.
Plusieurs présentations sur les nouveaux défis et opportunités du commerce des bois tropicaux ont été délivrées dans le cadre de la Journée du commerce et des marchés de l’OIBT. Photo: Didier Fernandez
Pleins feux sur le RDUE: nouvelles normes pour le commerce mondial
Le Règlement sur la déforestation de l’Union européenne (RDUE), qui va entrer en vigueur en décembre prochain, a notamment été au coeur des discussions. Des spécialistes de l’Association technique internationale des bois tropicaux (ATIBT), du cabinet de conseil GFA Certification, du Conseil de bonne gestion forestière (FSC), du Programme de reconnaissance des dispositifs de certification forestière (PEFC) et de diverses agences nationales ont détaillé les exigences techniques, juridiques et logistiques qu’implique la conformité au RDUE. Les organes de certification ont décrit comment leurs outils, tels que le Module réglementaire du FSC ou encore le nouveau Système de diligence raisonnée (DDS) du PEFC, visaient précisément à aider les entreprises à se mettre en conformité avec les exigences du sans-déforestation et de la légalité.
Les conférenciers ont convenu que, si la certification ne pouvait se substituer à la diligence raisonnée ni être un feu vert prioritaire pour les produits forestiers, elle demeurait néanmoins un puissant mécanisme d’atténuation du risque. Tout au long de cette Journée, on a insisté sur le caractère urgent d’harmoniser les normes, d’améliorer les systèmes de traçabilité et d’investir dans le renforcement des capacités à l’échelle de l’ensemble des pays producteurs tropicaux.
Traçabilité: de la forêt au marché
Les présentations de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), de l’Institut national des forêts du Guatemala (INAB) et du Ministère panaméen de l’environnement (MIAMBIENTE) ont illustré comment des pays d’Amérique latine montrent la voie de la traçabilité forestière. Armés d’outils tels que le Système d’information forestière du Guatemala (SIFGUA) ou encore le Système de traçabilité et de contrôle forestiers (STCF, Panama), ces pays mettent en œuvre des plateformes numériques, des étiquettes NFC (communication en champ proche), des QR codes et des systèmes modulaires pour assurer que la transparence et le caractère vérifiable des chaînes d’approvisionnement. Ces systèmes sont de manière grandissante alignés sur des cadres mondiaux tels que le RDUE ou la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES), pour garantir un accès au marché sur le long terme et la conformité aux réglementations.
La Journée du commerce et des marchés de l’OIBT a offert une tribune à des présentations et discussions intéressantes sur des questions aussi pertinentes qu’urgentes relevant du commerce des bois tropicaux. Photo: Didier Fernandez
Perspectives de la filière du Brésil au Mexique
Des représentants de l’Association des industries exportatrices de bois de l’État du Pará (AIMEX, Brésil), de l’Association nationale des importateurs et exportateurs de produits forestiers (IMEXFOR, Mexique) et de la Fédération nationale des industries du bois (FEDEMADERAS, Colombie) ont partagé leurs éclairages sur le développement de leur secteur du bois. Si le Brésil a mis l’accent sur l’expansion de l’exploitation légale dans le cadre de concessions forestières, le Mexique a pour sa part privilégié la réduction de son déficit commercial du bois en renforçant sa production intérieure et en menant des réformes de sa politique forestière. De son côté, la Colombie a plaidé en faveur d’une réorientation vers un modèle bioéconomique qui fasse le lien entre foresterie et développement régional, marchés du carbone et pôles agro-industriels.
Chaque présentation a réaffirmé la nécessité urgente d’avoir une politique coordonnée, des investissements dans l’innovation et d’une gouvernance rationalisée pour libérer tout le potentiel des économies du bois tropical.
En présentant leur contexte national et leurs éclairages, les différents pays présents ont approfondi les discussions. Photo: Didier Fernande
Perspectives: tendances, technologies et partenariats
M. Ivan Tomaselli de l’entreprise STCP a partagé les projections indiquant que la foresterie de plantation – en particulier dans les régions tropicales – alimentera la majeure partie du bois industriel à l’horizon 2050. Cette évolution souligne le besoin de planifier de manière judicieuse, d’améliorer la sylviculture et de prévoir des utilisations durables des terres.
Pour sa part, Mme Luo Xinjian, de l’Initiative relative aux chaînes d’approvisionnement mondiales vertes (GGSC), a mis en avant le pouvoir des partenariats s’agissant de favoriser un commerce responsable. Les activités menées dans le cadre de l’Initiative des GGSC, notamment l’Indice mondial du bois et les chaînes de blocs pilotes, soulignent le rôle que jouent la transparence et l’innovation pour façonner la prochaine génération de chaînes d’approvisionnement qui soient respectueuses des forêts.
Mme Luo Xinjian, de l’Initiative relative aux chaînes d’approvisionnement mondiales vertes (GGSC), a mis en avant le pouvoir des partenariats lors de la Journée du commerce et des marchés de l’OIBT. Photo: Didier Fernandez
M. Steve Johnson a présenté un examen technique et actualisé de l’évolution des espèces d'arbres tropicales inscrites à la CITES, et en particulier leur incidence sur le commerce international des produits bois jusqu’à présent, et il a souligné la nécessité d’une coopération technique et institutionnelle au sein des pays producteurs de bois tropicaux.
M. Mohammed Nurudeen Iddrisu, Directeur du commerce et de l’industrie à l’OIBT, a appelé à une collaboration accrue entre les pays d’Amérique latine pour former un front uni en vue de favoriser les bois tropicaux d’origine légale et durable. «[La Journée du commerce et des marchés de l’OIBT] nous offre une occasion de parler de ces menaces et de trouver un terrain commun en vue de faciliter un commerce légal et durable tout en, parallèlement, veillant à une gestion durable des forêts vulnérables», a-t-il observé.
M. Mohammed Nurudeen Iddrisu, Directeur du commerce et de l’industrie à l’OIBT, en compagnie de participants à la Journée du commerce et des marchés de l’OIBT au Costa Rica. Photo: Didier Fernandez
Partenariats favorisant la coopération, pratiques en accord avec les normes internationales et robuste marché régional récompensant la gérance de l’environnement, tels ont été les appels à agir de cette Journée.
«Alors que la demande mondiale en bois augmente, les plateformes telles que la Journée du commerce et des marchés de l’OIBT réaffirment le rôle central des forêts tropicales pour un avenir durable, où la résilience climatique, le développement économique et le commerce responsable vont de pair», a remarqué Mme Sheam Satkuru, la Directrice exécutive de l’OIBT.
«Promouvoir le bois légal et durable demeure pour l’OIBT une priorité stratégique et cette manifestation régionale traduit notre engagement constant à apporter à nos membres un soutien direct», a-t-elle ajouté.
Téléchargez ci-dessous les documents connexes (en anglais).
Source : Organisation Internationale des Bois Tropicaux (ITTO)
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